Internet et la centralisation




La lecture de l’article « Who are yourGatekeepers » de Dave Winer m’a particulièrement intéressée car elle ouvre une fenêtre sur les débuts du Web (cet article a été écrit en 2001). L’auteur y décrit comment Internet a permis la décentralisation de la diffusion de l’information. Avant l’avènement d’Internet, seuls les médias traditionnels « choisissaient » les histoires qui allaient être publiée ainsi que les points de vue qui allaient être soumis au lecteur. En bref, les médias de masse filtrent les nouvelles qui sont servies au public; c’est en ce sens que Winer parle de « gatekeeping ». Maintenant, avec Internet, tous peuvent publier sur Internet sans avoir besoin de posséder un journal ou d’être journaliste et sans avoir à passer par un filtre, comme la direction d’un journal, pour approuver le sujet dont ils veulent parler.

 

Winer semble très optimiste quant au potentiel d’Internet et de la décentralisation qu’il amène. Cette perspective est intéressante car elle a été émise en 2001. Or, 20 ans plus tard, la situation a énormément changé. Plusieurs grandes compagnies (Google, Facebook, Twitter, etc.) ont émergé et ont entraîner une nouvelle sorte de centralisation. Ces compagnies ont un pouvoir énorme; la grande majorité des internautes utilisent leurs services pour rester connecté au monde. Or, ces plateformes de médias sociaux ont les pleins pouvoir lorsqu’il est question des sujets ou des points de vue qui peuvent y être discuté. On peut constater cet effet, par exemple, en voyant comment certains points de vue ont été traités pendant la pandémie. Des vidéos et des comptes ont été supprimés sur ces plateformes parce qu’ils contestaient la version officielle des faits. Je tiens à préciser que je ne souscris à aucune des théories conspirationnistes qui ont été diffusées sur la COVID-19, mais il est aisé de constater que les géants du web ont voulu contrôler le message.

 

Cette centralisation s’est aussi fait sentir d’autres manières. Je pense notamment au cas de Joueur du Grenier, un créateur de contenu sur Youtube. Dans cette vidéo, le créateur s’insurge contre les normes imposées par Youtube sur les vidéos qui y sont publiées. Youtube ne permet pas de traiter de certains sujets et ne permet pas l’utilisation de plusieurs mots. Si un créateur utilise des mots interdits, il peut se faire « démonétiser » ou même retiré ses vidéos. Joueur du Grenier dénonce l’application mur-à-mur de règles qui font peut-être du sens dans le contexte social américain, mais qui ne fonctionne pas lorsqu’on les applique à d’autres contexte, par exemple la culture artistique française qui n’a jamais craint de choquer ou de provoquer. Joueur du Grenier a toujours la liberté de quitter Youtube, mais il est évident qu’il s’agirait d’un suicide professionnel : aucune autre plateforme de vidéos en ligne n’a la même notoriété que Youtube. Le créateur ne pourrait pas continuer à vivre de son art s’il quitte Youtube pour une autre plateforme. Joueur du Grenier est donc obligé de subir le « filtre » imposé par Youtube pour continuer d’exister. Il ne s’agit que d’un exemple, mais l’arrivé des géants du web a eu un impact important sur la trajectoire qu’à prit Internet. Internet est aujourd’hui beaucoup plus centralisé qu’il l’était en 2001.

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